Proust - La fin de la jalousie | il y a entre ton cou et ma bouche, entre tes oreilles et mes moustaches, entre tes mains et mes mains des petites amitiés particulières

En italien : Livre audio : Marcel Proust lu par l'actrice italienne Liliana Bottone | Letto da Liliana Bottone (I piaceri e i giorni / Les Plaisirs et les Jours)

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Mon petit arbre, mon petit âne, ma mère, mon frère, mon pays, mon petit Dieu, mon petit étranger, mon petit lotus, mon petit coquillage, mon chéri, ma petite plante, va-t'en, laisse-moi m'habiller et je te retrouverai rue de la Baume à huit heures. Je t'en prie, n'arrive pas après huit heures et quart, parce que j'ai très faim.

Elle voulut fermer la porte de sa chambre sur Honoré, mais il lui dit encore : « Cou ! » et elle tendit aussitôt son cou avec une docilité, un empressement exagérés qui le firent éclater de rire :

– Quand même tu ne voudrais pas, lui dit-il, il y a entre ton cou et ma bouche, entre tes oreilles et mes moustaches, entre tes mains et mes mains des petites amitiés particulières. Je suis sûr qu'elles ne finiraient pas si nous ne nous aimions plus, pas plus que, depuis que je suis brouillé avec ma cousine Paule, je ne peux empêcher mon valet de pied d'aller tous les soirs causer avec sa femme de chambre. C'est d'elle-même et sans mon assentiment que ma bouche va vers ton cou.

Ils étaient maintenant à un pas l'un de l'autre. Tout à coup leurs regards s'aperçurent et chacun essaya de fixer dans les yeux de l'autre la pensée qu'ils s'aimaient ; elle resta une seconde ainsi, debout, puis tomba sur une chaise en étouffant, comme si elle avait couru. Et ils se dirent presque en même temps avec une exaltation sérieuse, en prononçant fortement avec les lèvres, comme pour embrasser :

– Mon amour !

Elle répéta d'un ton maussade et triste, en secouant la tête :

– Oui, mon amour.

Elle savait qu'il ne pouvait pas résister à ce petit mouvement de tête, il se jeta sur elle en l'embrassant et lui dit lentement : « Méchante ! » et si tendrement, que ses yeux à elle se mouillèrent.

Sept heures et demie sonnèrent. Il partit.

Marcel Proust

La fin de la jalousie (extrait)

Les Plaisirs et les Jours

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Autre extrait : La fin de la jalousie | Et c'était là la fin de sa jalousie

Mais tout d'un coup, quand il les eut toutes près de lui, ces cartes, le monceau lui apparut une toute petite chose, ridiculement petite

(Morceau choisi de l'Anthologie Marcel Proust. Chaque extrait d'A la recherche du temps perdu est précédé d'un numéro de section, de 001 à 487, indication de sa position au sein des 487 sections du texte intégral et lien pour retrouver le texte dans la continuité du roman. L'Anthologie Proust est également disponible dans l'ordre du roman.)