René Girard : "Lorsque Proust évoque les sentiments de loyalisme qu'inspire Combray, il parle de patriotisme ; lorsqu'il se tourne vers le salon Verdurin, il parle de chauvinisme. La distinction entre patriotisme et chauvinisme traduit fort bien la différence à la fois subtile et radicale entre Combray et les salons. Le patriotisme relève de la médiation externe et le chauvinisme de la médiation interne. Le patriotisme est déjà amour de soi mais il est encore culte sincère des héros et des saints. Sa ferveur ne dépend pas d'une rivalité avec les autres patries. Le chauvinisme, par contre, est le fruit d'une telle rivalité. C'est un sentiment négatif qui se fonde sur la haine, c'est à dire sur l'adoration secrète de l'Autre."
René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque
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Note du site :
Proust emploie pourtant le terme "chauvinisme" pour Combray ("(tout en sympathisant du fond du coeur avec ce chauvinisme étroit)"), mais avec humour : le sens est plus sympathique que la "petite secte" Verdurin. L'idée de René Girard reste valable.